Grüzi !
De la visite ! Et oui, des gens sont allé jusqu'à
braver le froid marsien (mais pourquoi donc est-ce marTien en français
? c'est fou !) et les légères tracasseries administratives
pour venir passer 10 jours rafraîchissants aux pays des soviets.
Venus de Toulouse, Hamburg ou Lüneburg (ahhh, charmante bourgade ex-hanséatique...),
je les ai récupérés in-extremis à Domodedovo,
un aéroport moscovite nouveau pour moi. J'ai un peu failli les
laisser mourrir, assaillis sous les hélements des taximens aux
traits burinés et nourris à la morue séchée
ingenieusement glissée dans le pare-soleil. En effet l'electrichka
que j'avais dégottée pour me rendre là bas s'est
arrêtée à la station précédente ("réparations,
le train ne va pas plus loin"), dans les forêts de bouleaux au
Sud de Moscou. Heureusement un des sus-décrits taximens passait
par là : sauvé.
S'en suivirent quatre jours de tourisme à peu près
classique : Kremlin, Galerie Treatjakov (ah, ces ambulants... snif,
quitter tout ça bientôt...), quelques domaines à tsars
reconvertis en parcs à luge, ville, ville, ville. Aussi, peut être
moins classique, le "niveaboulevard" du parc Kuzminki : prenez une pente
herbue, attendez qu'elle soit recouverte de 40cm de neige bien tassée,
puis raclez les 30cm superficiels de manière à former
un toboggan d'un mètre de large sur toute la longueur de la pente.
Alors, comme les 10cm restant sont en fait de la glace, vous pouvez balancer
votre marmot (de visu je dirais à partir de 2-3 ans) du haut et
le voir glisser à tout allure emmitouflé dans ses vêtements,
ce qui a pour avantage de limiter les bris de coccyx quand les bosses
de glace le font décoller ou quand il s'écrase dans la neige
au bout du toboggan. Du bobsleigh sur les fesses en fait. Sinon vous pouvez
préferer la classique luge : un papa, un gosse ou deux entre les
genoux, un sur les épaules, et zou...
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La sortie dominicale
à Moscou.
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Toboggan local (en bas
: tas de gosses empilés).
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La place du mort,
c'est sur les épaules !
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Enfin, avant de pouvoir s'amuser sous le ciel limpide, il a
fallu s'enregistrer. Et oui, car même si vous avez déjà
sué sang et eau pour obtenir votre invitation bidon (record :
Yvon, invité pour un mois dans le labo de maths par le Comité
Olympique !) puis la transformer en visa, ben c'est pas fini. Une fois
sur place, faut que vous soyez dûment enregistré à une
adresse valide. Un hôtel par exemple, ou un appartement que vous ne
louez pas au noir. J'ai bien essayé comme ça moi, mais pas
moyen, ma proprio veut pas me déclarer (à cause des impôts)...aussi
suis-je enregistré grâce au labo dans un appartement que je
ne connais ni d'Eve ni d'Adam. Ca a l'air d'être assez général,
et de ce fait beaucoup de Russes ne peuvent pas venir à Moscou (la
"ville des gens riches" comme dit son cher maire Juri Luzhkov) car pas
moyen d'être régularisé...ou alors ils viennent quand
même, au risque des incessants contrôles des policiers qui
écument les rues et le métro (contrôle largement au
faciès...teint mat ou traits asiatiques attention !). D'où
la profusion d'agence d'enregistrement bidon, qu'il faut payer pour qu'elles
t'enregistrent fictivement auprès d'un hôtel...La notre était
par exemple cachée derrière une porte métallique sans
AUCUNE inscription dessus. Après avoir en vain essayé toutes
les portes autour, on a fini par sonner. C'était là bien sûr,
et on a pu descendre dans un bureau souterrain où on a laissé
les passeports 24h et payé 30$. Que c'est beau la confiance quand
même !
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Mon précieux visa (à
entrées multiples)
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Pour l'enregistrement à
Moscou, sonnez ici et gardez confiance !
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Le Ministère
des Affaires Etrangères.
T.Gilliam n'a eu qu'à copier pour Brazil !
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Après Moscou, histoire de faire bon poids bonne mesure,
nous sommes aussi allés à Saint Petersbourg (Piter) pour
les quatre jours suivants, d'où ils devaient prendre le bus pour
Tallin et de là s'envoler pour Berlin. Piter en hiver, ça
pèle grave. Surtout quand on passe sa journée à
se balader le long des canaux (c bÔ !), qu'il fait entre -12°
et -19° avec un bon vent d'Ouest. Ca, c'est la toute première
impression (et y'avait beaucoup moins de neige qu'à Moscou aussi).
Mais heureusement j'avais pris soin d'emporter ma flasque (merci aux
deux shadoks de Montpellier), soigneusement remplie de Gorilka (la vodka
piment-miel - encore que je ne sais pas trop où est le miel dans
ce truc...), donc nous avons vaillamment survécu aux morsures du
froid en s'offrant tous les 500m un petit coup d'antigel dans le gosier.
Ca marche pas mal, et nous a même permis d'aller nous aventurer sur
la banquise. En effet, la mer a dans ces contrées la fâcheuse
habitude de geler l'hiver. Donc les bateaux ne peuvent plus sortir. Par
contre, nous, qui pour la plupart sommes dépourvus des dons d'aquagymnaste
de Jésus et qui sommes des Jean de peu de foi, pouvons sortir à
pieds secs ! Et oui, la mer, face à la ville, se transforme en
immense terrain de jeux : vélos, skis de fond, pêcheurs,
promeneurs. La glace à perte de vue, avec une ligne d'horizon floue
entre le blanc bleuté de la banquise et le bleu-blanc du ciel
sous un Soleil très bas...KRRRK ! ça c'est le bruit qui
nous a tiré de notre rêverie et nous a incité - d'un
accord commun et légèrement inquiet - à revenir sur
la rive, laissée quelques centaines de mètres derrière
nous...Bah ça doit être normal quelques petits grincements
de temps en temps, avec les mouvements de la mer dessous. Les locaux n'ont
pas l'air de s'en formaliser, mais peut-on vraiment faire confiance à
des gens qui cassent parfois la glace pour se baigner dessous ou s'exposent
en slip contre le mur de la forteresse Pierre et Paul pour prendre un petit
bain de soleil par -10° ?
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Stefi, Damien
et Marie sur le golfe de Finlande.
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Papys russes se
dorant la couenne.
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A part ça, la ville est bien différente de Moscou
(quelle surprise !). Tout un centre, très grand (je sais pas
comment Pierre le Grand a peuplé sa ville au début...ça
devait faire assez ville-fantôme) construit au 18eme, avec tout
plein d'immeubles magnifiques. En bel ensemble homogène donc,
avec en prime moins de circulation ce qui est appréciable. Par
contre, ça sent plus les fins de mois difficiles (surtout les
30 derniers jours) qu'à Moscou. Dans le centre, les façades
ont été globalement bien restaurées, tourisme oblige
(notamment pour les 300 ans de Piter en 2003). Les cours intérieures
restent très délabrées, bien pire qu'à Moscou,
et en dehors du centre, ça m'a plutôt rappelé Vologda
(la province donc) que la banlieue moscovite. Paraît que le salaire
moyen est moitié moindre qu'à Moscou. En même temps,
c'est beaucoup plus touristique, pleins de français et finnois notamment
: ça donne un hiatus énorme (et pour ma part très
désagréable) entre locaux et non-locaux : restaux et cafés
à étrangers, marchands du temple et, aussi, pickpockets.
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Entre la Mojka et
la place du palais
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Canal (Griboedov
ou Mojka)
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L'Ermitage
vu de la Neva.
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D'ailleurs, on en a profité pour se faire piquer (entre
autres) un passeport. C'est à éviter...encore que ça
fait une expérience : moi ça m'a presque fait rigoler (vous
l'aurez deviné, ce n'était pas mon passeport...) mais
les autres étaient plutôt mi-figue mi-raisin...D'abord il
faut aller à la police faire une déclaration de PERTE, et
non de vol...ils m'ont gentiment expliqué qu'il fallait déclarer
la perte parce que sinon ils devraient ouvrir une enquête ou enregistrer
un dépôt de plainte. J'ai pas tout compris (c'était
tout en russe, et bizarrement ce sont le genre de situations qu'on trouve
rarement dans les bouquins scolaires !) mais le truc sûr, c'est qu'il
était exclu que le passeport ait été volé :)
Donc paf, une matinée que ça nous a pris (mais pour être
honnête, les flics étaient plutôt sympas, en tous cas
j'étais agréablement surpris après tout ce qu'on m'en
avait raconté). Après il a fallu aller poireauter au consulat
français, raquer 30 euros pour avoir un petit papier pour pouvoir
rentrer en Europe, et apprendre qu'on devait aller chercher un nouveau visa
à l'aéroport. Donc le lendemain, zou, aéroport dès
le matin, comme on nous avait dit de faire au consulat. Bien sûr sur
place, personne n'avait entendu parler de notre demande, qui n'était
pas encore arrivée et était perdue entre le consulat, le ministère
des affaires étrangères (l'intermédiaire crucial),
et l'aéroport. Au bout de seulement 3-4h d'attentes et après
avoir gueulé au téléphone contre le consulat pour
qu'il s'ACTIVENT, on a fini par filer 150$ en coupures à un gars
tout louche venus nous chercher dans le hall d'arrivée avec un
visa en échange...Moralité : leçon de russe de 2
jours inoubliable si vous "perdez" votre passeport :) (allez, ça
m'étonnerait que ça soit mieux en France).
Tout s'est bien fini, puisqu'ils ont réussi à quitter
le pays via Tallin, me laissant attraper de justesse mon train pour revenir
à Moscou (J'ai du rentrer dans le 1er wagon, et bien sûr
j'étais au 14ème, i.e. tout le train à traverser :
j'ai mis une bonne demi-heure, car chaque wagon étant un dortoir
où les gens installaient leurs affaires, il fallait se frayer un
passage entre sacs, grand-mères, capsules de bière qui commençaient
à voler de partout, rogue cheftaine de wagon qui te demande où
tu vas à chaque wagon...). Rentré à Moscou, j'ai fait
connaissance via ma coloc Marie de Kostja, un Russe de 28 ans exilé
depuis 6 ans à Bordeaux. Il était là pour un mois,
ayant hérité d'un appartement à Moscou : c'est le temps
pour espérer faire les formalités d'enregistrement dans un
nouvel appartement :) Notamment, une question délicate était
celle du transfert de son dossier militaire : il n'en n'a pas, étant
parti en France au "bon" moment. Je dis "bon" vu la réputation dudit
service et la forte mortalité des jeunes recrues : bizuthage violent
apparemment, spécialement pour ces "sales moscovites" (ceux qui n'ont
pas pu acheter leur dispense du moins). Bref, à 28 ans il est normalement
au delà de la limite d'âge (27), mais va savoir si tu tombes
sur une tête de cochon qui veut quand même t'envoyer marcher
au pas ou découper du Tchetchène : l'application de la loi
est à géométrie variable, laquelle variabilité
me semble d'ailleurs avoir une influence non négligeable sur la mentalité
russe (j'essaierai de détailler plus mon impression là dessus
ultérieurement). Finalement ça ne s'est pas trop mal passé
pour lui, et il a pu rentrer en France quelques temps après moi,
lors de mon passage de printemps.
Cette fois ci je ne me suis pas fait avoir comme avant Noël
: je me suis trouvé un calendrier orthodoxe pour planifier mon retour
en France pendant le carême (surtout que celui là c'est LE
carême, du 28 Mars au 1er Mai). Ceci dit, malgré ma sus-mentionnée
siouxitude, j'ai quand même réussi à arriver avec pile
un mois d'avance à l'aéroport. J'ai confondu Mars et Avril
en achetant mon billet, c'est ballot, hein !? Du coup j'ai eu l'air pas
très malin face à la dame du guichet d'Air France...Heureusement,
Dieu m'tripote, travaillait aussi à Air France, ici même et
ce jour là, le bonhomme à qui, deux mois plutôt, j'ai
failli louer un appart (pour fuir les remont (réparations) au
dessus de chez moi...mais devinez de quoi ce nouvel appart avait aussi besoin
avant d'être loué ? remont, bien sûr !) : il m'a
changé mon billet sans problème, et m'a même surclassé
en V.I.P, la frime ! Du coup, avec mon joli verre en verre et le rideau
qui me cachait aux yeux de la plèbe aéronautée, j'ai
pu goûter un peu à tous les vins et champagnes offerts à
l'élite du monde, la vraie, celle qui voyage avec une cravate mais
sent des pieds comme tout le monde quand elle enlève ses mocassins
classos pour roupiller un coup. Je dois avouer que j'avais un léger
coup dans le nez en atterrissant à Paris, tant et si bien que j'ai
perdu ma valise, l'oubliant benoîtement dans une des navettes de l'aéroport.
Snif ! Je ne l'ai toujours pas retrouvée, bien que la lettre prête
à poster qui était dedans ait été reçue
par son destinataire !? A cette heure même, quelqu'un se régale
sans doute de mes 7kg de photocopies sur la théorie ergodique des
pavages ou les substitutions généralisées, à
moins qu'il ne feuillette mon beau livre de cuisine russe (400 pages en
russe ; merci Laura) ou encore mon dictionnaire d'argot russe (merci Sveta).
Au moins j'ai le mois d'Avril à me consoler en France, pendant qu'à
Moscou la neige fond.
nu vsë, poka !
Pomidor
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