Pour Patrick Modiano, écrivain français et lauréat du prix Nobel de littérature en 2014, la mémoire et l'oubli sont des clés de son œuvre littéraire, utilisées directement ou parfois métaphoriquement. En littérature, les métaphores se rapprochent quelques fois de celle de l'oignon. Lorsqu'on épluche la couche extérieure de l'oignon, on trouve un oignon semblable à l'intérieur. Nos souvenirs et nos oublis sont semblables à un oignon (un souvenir appelle un autre souvenir) et créent notre identité et notre histoire. Sans la mémoire, nous n'avons pas d'histoire, ni d'identité.
Les livres de Patrick Modiano regorgent de lieux, essentiellement parisiens, d'adresses et d'itinéraires très précis, où l'on suit un enquêteur qui, sur la base d'archives écrites, remonte le temps et recoupe les coïncidences spatiales et temporelles trouvées dans les écrits. Dans son discours écrit de réception du prix Nobel, nous pouvons lire :
« Grâce à la topographie d’une ville, c’est toute votre vie qui vous revient à la mémoire par couches successives, comme si vous pouviez déchiffrer les écritures superposées d’un palimpseste »Qu'évoquent pour vous les lieux de La Place de l’Étoile, de la Rue des boutiques obscures, Les Boulevards de ceinture ou les noms propres comme la rue Germain-Pilon, la rue Coustou, la rue Cambon ou la rue Anatole-de-la Forge ? Pour nous, informaticiens, qu'évoquent les noms de Vint Cerf, Bob Metcalfe, Louis Pouzin et Hubert Zimmerman ?
Les souvenirs que nous évoquons ici, à propos du monde des réseaux, ne sont ni flous, ni bancals, ni des sortes de rêveries qui relèvent de l'imaginaire. Contrairement aux procédés littéraires de Patrick Modiano les souvenirs sont ici largement documentés, souvent méconnus et participent à la constitution d'une identité d'informaticien. Il est réconfortant de penser que des histoires parallèles finissent parfois par se croiser et produisent de nouvelles histoires. Patrick Modiano nous dit qu'il a l'impression qu'aujourd'hui :
« la mémoire est beaucoup moins sûre d'elle-même et qu'elle doit lutter sans cesse contre l'amnésie et contre l'oubli. »Ainsi, documenter est utile, d'une part pour lutter contre l'oubli et d'autre part comme outil pour arriver à mettre en cohérence la mémoire. C'est le voyage auquel nous vous invitons. Pour une partie, il s'agira d'une (re)-découverte de certaines notions relatives à la discipline des réseaux, mais replacées ici dans leur contexte historique. Pour une autre partie, il s'agira de mesurer comment l'histoire s'est écrite, c'est-à-dire quels sont les faits marquants et les personnages importants de cette histoire et leurs contributions respectives. Qui sommes nous, d'où venons nous et où allons nous ?
A l'heure de ChatGPT et autres agents conversationnels, ELIZA est, en intelligence artificielle, un programme informatique écrit par Joseph Weizenbaum entre 1964 et 1966, qui reformulait la plupart des affirmations du « patient » en questions, et en les lui posant. ELIZA se contente de relancer son interlocuteur, contrairement aux agents conversationnels, qui sont conçus pour donner des réponses utiles en utilisant leur base de données. Mais en 1966, ELIZA était si convaincant que de nombreuses personnes devenaient de plus en plus dépendantes émotionnellement de leur relation avec ELIZA. La tendance humaine à assimiler de manière inconsciente le comportement d'un ordinateur à celui d'un être humain est d'alleurs appelée effet ELIZA. L'histoire n'est elle qu'un éternel recommencement ?
De nombreuses ressources sur l'histoire des réseaux, en particulier les prémisses, sont en effet disponibles sur Internet. Le terme réseaux doit s'entendre ici comme les éléments clés qui ont conduit à Internet. C'est sur une vingtaine d'années s'étalant de 1968 à 1988 que les développements majeurs des réseaux ont été faits. La Figure 1 schématise l'évolution des concepts et des principaux acteurs en matière de réseau, au cours du temps, et on y distingue trois grandes évolutions qui coexistent au fil des années : 1) Data Communications ; 2) Networking ; 3) Internetworking.
Dans ce qui suit, nous allons détailler ces trois grandes époques en allant dans les détails de l'histoire (un peu), et des techniques (un peu).
Les principaux documents sur lesquels nous nous appuyons et que nous discuterons en partie sont :
- Circuits, Packets, and Protocols: Entrepreneurs and Computer Communications, 1968–1988 -- April 2022. Les références bibliographiques de l'ouvrage sont également disponibles en ligne, et en suivant les liens nous retrouvons beaucoup de PDF correspondant aux références citées.
- Il est parfois affirmé que la discussion de Douglas Engelbart, datée de 1968 et intitulée The mother of all demos promeut l'arrivée imminente des réseaux, mais aussi d'autres artefacts qui nous sont maintenant familiers. Nous vous laissons découvrir lesquels en visionnant la vidéo de la présentation.
- En 2018, notre collègue Marco Aiello a publié The Web Was Done by Amateurs -- A Reflection on One of the Largest Collective Systems Ever Engineered. Il s'agit également d'une mine d'informations historiques, plutôt du côté des technologies du Web.
- Le musée en ligne Computer History a une section dédiée aux réseaux. La page Wikipedia sur la notion de "Computer Network" est de la même veine et mérite le détour. Il en est de même pour le site History of Computer Communications qui est le compagnon idéal du livre Circuits, Packets, and Protocols: Entrepreneurs and Computer Communications, 1968–1988 -- April 2022. On y trouvera en particulier les transcriptions des interviews des principaux acteurs en matière de réseaux et cités dans l'ouvrage, dont un français !
- Le français en question est Louis Pouzin et la page Wikipedia qui lui est consacrée est aussi à consulter sans plus attendre. Voir aussi la page Wikipedia de Alice Recoque qui, par ailleurs, a donné son nom à la première machine exaflop française ou encore le podcast de France Culture.
- À l'université de Rennes 2, nous trouvons également un corpus de références bibliographiques relatives à l'histoire de l'Internet. Il y a quelque fois des accès directs aux articles mentionnés, mais pas toujours ! À Grenoble l'ACONIT expose des pages sur les personnalités importantes de l'informatique. Sur le site de l'ACONIT, faites une recherche par le mot clé CYCLADES... pour retrouver des liens sur les travaux de Louis Pouzin et Alice Recoque, ou encore une page intitulée L’histoire de l’informatique sur la Toile avec un texte sur l'origine d'Internet et des liens HTTP supplémentaires à ceux cités sur cette page, dont celui de l'ISOC, très complet comme texte introductif.
- La Communication Society de l'IEEE a également des ressources sur l'histoire des réseaux. Vous y trouverez par exemple des pointeurs sur la commutation de paquets.
- Enfin, il convient de mentionner, en ce qui concerne les ressources écrites, les RFC (Request for Comments) et en particulier la RFC 675 qui traite de TCP. Il est aussi utile de consulter les toutes premières RFC. Une demande de commentaires (RFC), en français dans le texte, est un document numéroté qui comprend des évaluations, des descriptions et des définitions de protocoles, concepts, méthodes et programmes en ligne. Les RFC sont administrées par l'IETF (Internet Engineering Task Force). Une grande partie des normes réseaux utilisées aujourd'hui sont publiées dans des RFC. En résumé, vous pouvez consulter les RFC importantes suivantes :
Certaines entités de la Figure 1 sont détaillées à partir des liens suivants :
La suite du cours est ici ainsi que les exercices sur la notion Data Communications. Cette partie est aussi consacrée à des éléments relatifs à la mise en réseau (Networking) avant 1972 c.-à-d aux prémices d'ARPANET.
Certaines entités de la Figure 1 sont détaillées à partir des liens suivants :
La suite du cours est ici ainsi que les exercices sur la notion Networking. Cette partie est consacrée à la mise en réseau (Networking) après 1972.
L'interconnexion de réseaux est la pratique consistant à interconnecter plusieurs réseaux informatiques, de sorte que n'importe quelle paire d'hôtes dans les réseaux connectés peut échanger des messages, quelle que soit leur technologie de mise en réseau au niveau matériel. Certaines entités de la Figure 1 sont détaillées à partir des liens suivants :
La suite du cours est ici ainsi que les exercices sur la notion Internetworking.
Vous devez rédiger un compte rendu de TP pour chaque séance de cours/TP. Vous n'aurez pas le temps de réaliser tous les exercices proposés. Il faut donc faire une sélection. Choisissez des exercices faciles, moyennement et pas faciles à résoudre. A vous de préciser le niveau de difficulté. Cette demande de précision fait partie des exercices. Une demie journée sera consacrée à un oral individuel au cours duquel nous allons pouvoir mesurer la quantité et la qualité de votre travail. Les compte rendus écrits seront également évalués.
Dans votre compte rendu vous devez également faire du lien entre les différentes activités proposées. Il ne faut pas simplement juxtaposer les réponses des activités mais vous demander quels sont les liens entre les activités. Autrement dit, pourquoi on vous parle de script Shell, de Cloud, de gestion de paquets et de conteneurs ?
Nota : pour rédiger un compte rendu de TP, veuillez suivre une des méthodologies suivantes :
Et pour faire des posters scientifiques et techniques, il y a cette vidéo à visionner ! C’est une approche moderne de la communication scientifique via le média du poster. Vous remarquerez que vous retrouverez sur le poster tous les mots clés qui caractérisent un texte scientifique et technique en sciences expérimentales, et tels qu’ils sont présentés dans les Lectures, à savoir le paragraphe sur la méthode expérimentale suivie, les résultats, la discussion et bien entendu l’introduction et la conclusion.
Votre compte rendu de TP peut aussi se déposer sur GitHub, notamment parce que ce site est capable d’interpréter des notebooks Jupyter. Ainsi, grâce au média notebook, vous mêlez du texte, du code, des illustrations... ce qui rendra l’histoire que vous racontez plus attrayante (et à partir du moment où vous avez une histoire à raconter, c’est à dire un récit qui ne met pas toutes les choses sur le même plan).